CYNDIE BELHUMEUR






Swarm, 2021, fils polyester, velour.
 
La racine du nuage, vue d’exposition, Caravansérail, Rimouski


La racine du nuage

Centre d’artistes Caravansérail, Rimouski
2021

Dans le cadre de cette collaboration avec la musicienne Frannie Holder, l’artiste multidisciplinaire Cyndie Belhumeur présente les développements récents de sa pratique. La racine du nuage met de l’avant son travail textile et vidéo ainsi qu’une installation immersive dans laquelle les deux créatrices explorent – par la manipulation des qualités esthétiques et sonores de fils et de câbles réseau désuets – un rapprochement entre la technologie et la nature.

L’exposition invite à réfléchir à ce lien étroit entre le virtuel (la technologie) et le naturel (le paysage). Cloud, Stream, Tweet, Swarm, Arborescence, Web, ces concepts évoquant autrefois la nature sont maintenant utilisés pour décrire la technologie. « Le paysage est appelé avec son cortège d’attributs pour naturaliser l’espace virtuel : il rend ainsi possible l’acclimatation d’un espace qui autrement serait irreprésentable. »[1]

L’installation placée au milieu de la salle évoque des centres de données désorganisées ou ces temples oubliés, vestiges de civilisations disparues engloutis par la végétation. Les fils et les câbles réseau sont assemblés et organisés de façon à créer une atmosphère pesante, inquiétante et hostile. Au sein de leur amalgame se trouve une aire centrale où le ou la spectateur·rice est invité·e à prendre place. L’œuvre sonore composée par Holder est intégrée intimement à l’installation de sorte qu’elle tente de brouiller la frontière entre le monde de la matière et celui du son, ce qui donne l’impression que celle-ci possède une voix et une identité propre. En impliquant les autres sens, l’installation établit un nouveau rapport aux objets et à l’espace. Les artistes proposent donc une réflexion sur les interactions que peuvent entretenir le tangible et l’intangible, le statique et le dynamique. De l’assemblage matière-son émerge également des expériences tout aussi complexes, voire opposées, harmonieuses et rassurantes pour certain·e·s ou encore chaotiques et inquiétantes pour d’autres.

En continuité avec le travail de Belhumeur, des tableaux brodés et une vidéo entourent l’installation. Ces œuvres peuvent être interprétées comme une représentation visuelle d’un flux d’informations en mouvement. Avec leurs titres référant aux lexiques communs de la nature et de la technologie, l’artiste tente de créer des œuvres qui illustrent cet entre-deux pour témoigner de la naturalisation de l’espace virtuel.

Déployées dans la salle de façon à représenter un paysage, les œuvres tentent de susciter cette conscience d’un univers en mutation continuelle en soulignant cette transformation dans notre langage et notre culture, bouleversant ainsi notre manière d’agir, d’apprendre et de penser.


[1] CAUQUELIN, Anne, Le site et le paysage, Puf, 2002.



La racine du nuage, 2021, vue d’exposition, Cyndie Belhumeur et Frannie Holder, boucle audio (20:33 minutes), Câbles réseau et coaxiaux.




Swarm, 2021, fils polyester, velour.



Arborescence, 2021, fils polyester.

Noise, 2020, fils polyester.